Balade céleste printanière à l’œil nu

Au printemps, les températures nocturnes s’adoucissent : l’envie est forte de lever le nez vers les étoiles ! Voici un parcours de découverte à faire à l’œil nu, seul ou à plusieurs, à partir de la grande Ourse.

Image animée montrant les principales étoiles de la Grande Ourse seules, puis la même image avec les traits de constellation en blanc qui forment la figure de la casserole.
Les principales étoiles de la constellation de la Grande Ourse forment une figure que beaucoup connaissent déjà : une casserole ! Illustration : Carine Souplet

Le point de départ de cette randonnée céleste printanière est l’incontournable constellation de la Grande Ourse. Parfaitement reconnaissable avec sa partie principale en forme de casserole, elle est aussi un jalon très utile pour identifier d’autres curiosités du ciel. En cette saison, elle se trouve proche du zénith en début de nuit. Vous pouvez vérifier sa position en utilisant notre carte du ciel du jour en ligne.

La constellation du Lion

En prolongeant la courbe du manche de la casserole en direction de l’ouest, la Grande Ourse vous permet de repérer l’une des constellations les plus emblématiques du printemps : le Lion. Son étoile la plus brillante s’appelle Régulus et marque le cœur du fauve. Il est aisé de reconnaître la forme caractéristique de cette constellation, avec un corps allongé, puis le cou et la tête du roi de la savane. Selon son imagination, on peut voir un lion couché, ou bien debout. À vous de choisir !

Carte montrant les principales constellations du printemps. Avec l'aide de la constellation de la Grande Ourse, on peut trouver vers l'ouest la constellation du Lion et son étoile Régulus (trajet de la flèche bleue) et celle du Cancer.
Carte montrant les principales constellations au printemps entre le zénith et l’horizon sud, en soirée. En prolongeant la queue de la Grande Ourse en direction de l’ouest, on trouve les constellations du Lion et du Cancer.

La constellation du Cancer et sa Ruche

Regardez maintenant à droite (à l’ouest) du Lion, à mi-chemin entre Régulus et l’étoile principale de la constellation du Petit Chien, Procyon. C’est là que se trouve la discrète constellation du Cancer, en forme de Y à l’envers. Elle est constituée d’étoiles à l’éclat modeste. Peut-être n’arriverez-vous-même pas à la voir si vous observez en présence de pollution lumineuse ! En cas de difficulté pour la débusquer, vous pouvez vous aider de jumelles de type « yeux de hibou » comme nos jumelles Noctua. Cet astucieux outil d’observation grossit très peu tout en permettant de faire arriver davantage de lumière à vos yeux. Résultat, les constellations peu visibles deviennent plus évidentes et en ville, nombre d’entre elles apparaissent alors qu’elles sont indécelables sans instrument.

Le Cancer abrite une curiosité très intéressante pour le promeneur à l’œil nu : Messier 44 (M44).

Carte montrant la constellation du Cancer en forme de Y à l'envers, dessiné avec des traits orange. Près de l'intersection des trois branches se trouve l'amas ouvert M44, matérialisé par un cercle jaune.
Position de l’amas ouvert Messier 44 (M44) dans la constellation du Cancer.

Ce matricule identifie un amas d’étoiles appelé aussi l’amas de la Ruche ou amas de la Crèche. Vaste et brillant, il est assez simple de repérer à l’œil nu pourvu que le ciel soit noir et peu pollué par les lumières artificielles. M44 se situe à droite du Y renversé, juste au-dessus de l’intersection des trois branches. Sous un ciel noir, les yeux seuls distinguent une masse ronde, diffuse et faiblement lumineuse. En vous aidant de jumelles « yeux de hibou », cette masse devient évidente (en ville, ces jumelles vous permettront de repérer M44 qui est souvent invisible à l’œil nu). Si vous disposez de jumelles classiques comme des 10×50, l’observation est plus détaillée et quelques dizaines d’étoiles apparaissent. Sachez qu’en fait, M44 est constitué d’environ 1 000 étoiles ! Il est donc intéressant de recourir à un télescope pour le détailler encore mieux.

Photo montrant l'amas ouvert M44. On y voit une vingtaine d'étoiles brillantes dont certaines sont bleutées et d'autres orangées. Il y a aussi beaucoup d'étoiles plus faibles.
L’amas M44 photographié avec un petit télescope. Image : Camille Colomb

Les constellations du Bouvier et de la Vierge

Maintenant, retournez à la Grande Ourse et tracez la deuxième courbe qui prolonge le manche de la casserole, côté est. Un astre lumineux et discrètement orangé se trouve rapidement sur cette courbe : c’est Arcturus, principale étoile de la constellation du Bouvier. Le Bouvier est, suivant les légendes, le gardien de la Grande Ourse, un laboureur ou encore un vigneron. En réalité, la forme que ses étoiles esquissent évoque plutôt un cerf-volant ou un parachute !

En continuant la courbe démarrée de la queue de la Grande Ourse et passant par Arcturus, un deuxième arrêt s’impose immédiatement : Spica est le seul astre remarquable de ce secteur du ciel. Cette éclatante étoile blanche marque le bas d’une autre constellation faisant penser à un cerf-volant avec sa forme en losange : la Vierge. Comme les autres étoiles constituant le cerf-volant sont assez faibles, les jumelles « yeux de hibou » sont là encore bien utiles pour mieux identifier cette constellation.

Carte montrant les principales constellations du printemps. Avec l'aide de la constellation de la Grande Ourse, on peut trouver vers l'est la constellation du Bouvier et son étoile Arcturus (trajet de la flèche bleue), puis la Vierge et son étoile Spica, et enfin la constellation du Corbeau.
Carte montrant les principales constellations au printemps entre le zénith et l’horizon sud, en soirée. En prolongeant la queue de la Grande Ourse vers l’est, on trouve les constellations du Bouvier, de la Vierge et du Corbeau.

La constellation du Corbeau

En prolongeant encore un peu la courbe, recherchez enfin une petite constellation aux étoiles un peu plus lumineuses que les autres dans ce secteur assez pauvre : le Corbeau. À nouveau, c’est un losange, mais un peu trop déformé pour évoquer encore un cerf-volant. Bien que toujours basse sur l’horizon aux latitudes moyennes de la France métropolitaine, cette constellation un peu méconnue mérite qu’on l’identifie. La mythologie grecque raconte que le Corbeau était l’oiseau prophétique d’Apollon. Initialement pourvu de plumes d’argent, il fut maudit pour avoir annoncé une mauvaise nouvelle et ses plumes devinrent noires pour toujours.

Dessin en noir et blanc de type gravure représentant un corbeau.
La figure mythologique du Corbeau telle que l’avait dessiné Johannes Hevelius dans son atlas Uranographia.

La constellation de la Chevelure de Bérénice

Ramenez enfin votre regard entre le grand espace plutôt vide situé entre Arcturus et l’arrière du Lion. Sous un ciel peu ou pas pollué par les lumières artificielles, peut-être aurez-vous la sensation de voir une autre tache floue plus vaste que M44 ? Eh bien vos yeux ne vous trompent pas : vous avez affaire à un autre amas d’étoiles appelé Melotte 111. Celui-ci se trouve dans la Chevelure de Bérénice, une constellation encore plus discrète que le Cancer, dont la figure en équerre est constituée de seulement trois étoiles.

Carte montrant la constellation de la Chevelure de Bérénice en forme d'équerre, dessinée avec des traits orange. A l'extrémité du trait horizontal se trouve l'amas ouvert Melotte 111, matérialisé par un cercle jaune.
Position de l’amas ouvert Melotte 111 dans la constellation de la Chevelure de Bérénice.

Melotte 111 a des dimensions remarquables : 4,6 degrés, soit neuf fois la taille de la pleine lune ! Mais il est bien difficile de voir à l’œil nu ce qui le compose, et en fonction de la qualité du ciel sa visibilité même n’est pas toujours assurée. Le mystère commence à se lever avec des jumelles « yeux de hibou » : le gain en luminosité qu’elles génèrent permet de confirmer qu’il y a bien là quelque chose de particulier… et même d’y distinguer quelques étoiles ! Et si vous disposez d’une paire de jumelles classiques, la nature de Melotte 111 se révèle vraiment, avec 20 à 30 étoiles visibles dont les principales forment un V à l’envers.

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