Régler la mise au point d’un télescope ou d’une lunette

L’étape de la mise au point est importante pour profiter au maximum des belles images offertes par votre lunette astronomique ou votre télescope. Voici nos astuces pour faire correctement ce réglage.

Deux photos comparatives de la constellation d'Orion. A gauche, les étoiles forment des disques car la mise au point est imparfaite. A droite, la mise au point est correcte et les étoiles ont l'aspect de points. On voit aussi beaucoup plus de détails sur l'image de droite.
Pour accéder aux merveilles du ciel, bien régler sa mise au point est indispensable (image de droite). Lorsque cela n’est pas le cas, les étoiles se présentent comme de petits disques (image de gauche). Images : Carine Souplet

Qu’est-ce que la mise au point ?

La mise au point est le réglage qui permet d’obtenir l’image la plus nette possible à travers un instrument d’optique. On agit en modifiant la distance entre l’optique principale (lentille frontale pour la lunette astronomique, miroir principal pour le télescope) et l’oculaire, là où l’œil est placé. Pour cela, un système de réglage se trouve en général sur le porte-oculaire pour faire avancer/reculer l’oculaire.

Photo du porte-oculaire du Stelescope 130 avec en dessous, les deux molettes noires qui permettent de régler la mise au point. Un oculaire est en place sur le porte-oculaire.
La molette de mise au point d’un télescope de Newton, située sous le porte-oculaire. Image : Stelvision

Chaque configuration optique donne une image parfaitement nette en un seul point bien précis, mais souvent on peut aussi trouver un réglage « acceptable » à proximité de ce point. On dit qu’il existe une plage de tolérance.
La plage de tolérance dépend directement du rapport focale/diamètre (en abrégé, F/D) de l’optique concernée. Plus ce rapport F/D a une valeur élevée, plus la plage de tolérance de la mise au point est grande. À l’inverse, une optique avec un rapport F/D de faible valeur a une tolérance de mise au point très réduite.

Les bons réflexes pour une mise au point réussie

La mise au point est essentielle pour réussir au mieux ses observations. Considérez que ce réglage est différent pour chacun et pour cela, n’hésitez jamais à le retoucher. S’il est mal finalisé, cela engendre une image floue et une fatigue plus rapide de la vue. Voici donc quelques astuces pour un réglage au top !

Voici les étapes à suivre :

  • arriver au point le plus net en tournant la molette de réglage ;
  • puis continuer à tourner la molette pour dépasser ce point ;
  • enfin tourner la molette dans l’autre sens pour revenir en arrière, en vous arrêtant au point le plus net.

Cette dernière manœuvre permet de leurrer l’œil qui a un système de « mise au point automatique ». C’est l’accommodation, à laquelle vous ne devez pas faire appel au risque de fatiguer votre vue inutilement. Au besoin, recommencez plusieurs fois l’opération en « encadrant » le point le plus net de façon de plus en plus serrée.

Autre conseil, prenez l’habitude de retoucher le réglage régulièrement (par exemple, toutes les dix minutes) même si vous conservez le même oculaire. En effet, les différents éléments constituant l’optique de votre télescope peuvent se dilater ou se contracter en fonction des variations de température. La zone optimale de netteté ne mesurant que quelques fractions de millimètres, la moindre variation de l’optique peut influer dessus. Il arrive aussi que l’on dérègle la mise au point en appuyant son œil contre le bord de l’oculaire.

Notez que certaines gammes d’oculaires sont dites « parafocales ». Cela signifie que le fabricant assure qu’une fois la mise au point faite avec l’un des oculaires, il est inutile de la retoucher si on utilise un autre oculaire de la gamme. Mais en pratique, la netteté reste rarement parfaite au moment du changement : mieux vaut donc refaire le réglage systématiquement.

Image d'un quartier de Lune coupée en deux. La partie haute montre la Lune floue car la mise au point n'est pas bonne. La partie basse montre la Lune nette, car la mise au point est faite.
Dès que le réglage de la mise au point s’éloigne du point de netteté, l’image devient floue et les détails disparaissent. Ici, une illustration sur la Lune. D’après une image de Christian Maliverney – Concours photo Stelvision

Pour les porteurs de lunettes

Les porteurs de lunettes s’interrogent souvent sur l’attitude à adopter au moment de mettre l’œil à l’oculaire : vont-ils réussir à faire la mise au point ? Et d’autre part, doivent-ils conserver ou non leurs lunettes ? On distingue deux cas.

Dans le cas des myopes et des hypermétropes, l’image qui se forme dans votre œil est soit trop en avant (cas de la myopie), soit trop en arrière (cas de l’hypermétropie) de la rétine, l’endroit où se forme l’image. Ce défaut n’est pas trop gênant. En observant sans vos lunettes, la mise au point faite sur l’instrument tient compte du défaut de votre vue. Simplement, une personne avec une vue différente observant à votre suite devra adapter la mise au point à sa vue.

Si vous êtes astigmates, vous devez en revanche conserver vos lunettes pour regarder derrière l’oculaire. En effet, ce défaut visuel ne peut pas être corrigé par la mise au point de la lunette ou du télescope.

Si vous décidez de garder vos lunettes tout en étant hypermétrope ou myope ou que vous y êtes contraint parce que vous êtes astigmate, il faudra alors disposer d’oculaires avec suffisamment de relief d’œil (la distance à laquelle l’œil doit être en arrière de l’oculaire pour voir l’image). Si vous ne voyez pas l’image, le relief d’œil est insuffisant et il faut utiliser un autre oculaire.

Astuce : si l’environnement extérieur à l’oculaire vous gêne alors que vous regardez avec vos lunettes, recouvrez votre tête et l’oculaire d’un chiffon pour vous isoler.

Pour en savoir plus sur les oculaires : lisez notre article Oculaires : comment constituer sa gamme idéale ?

En pratique sur le ciel nocturne

illustration animée montrant l'aspect d'une étoile lorsqu'on tourne la molette de mise au point. Pour les étapes pour lesquelles le réglage n'est pas correct, l'étoile apparait floue sous la forme d'un disque lumineux. Quand la mise au point est bonne, c'est un point.
Pointez une étoile brillante pour faire la mise au point. Crédit : Carine Souplet – Stelvision

La mise au point est une opération plutôt simple en journée ou sur une cible lumineuse telle que la Lune. Mais de nuit, lorsqu’on observe les planètes ou les objets aux limites peu marquées comme les nébuleuses ou les galaxies, le réglage est moins évident. Le bon réflexe à adopter est d’effectuer d’abord la mise au point sur une étoile assez brillante. En effet, toutes les étoiles doivent être vues à travers l’oculaire comme un point le plus fin possible lorsque l’image est nette. Procédez par allers-retours (voir encadré plus haut) jusqu’à obtenir l’étoile la plus fine et lumineuse possible.

Pensez lorsque vous observez la Lune ou les planètes à tenir compte de la présence éventuelle de turbulence (atmosphérique et/ou instrumentale). Si elle est forte, il sera difficile d’obtenir une image vraiment nette et il faudra donc trouver le réglage « au mieux », bien qu’imparfait.

Aller plus loin : Les équipements pour une mise au point facilitée

Un accessoire intéressant : la mise au point démultipliée

Lorsque l’on souhaite aller plus loin et avoir la mise au point la plus fine possible (notamment pour les observations lunaires et planétaires), les lunettes astronomiques et les télescopes peuvent être équipés d’un système de mise au point dit « micrométrique ». Il s’agit d’une double molette dont l’une a son réglage démultiplié pour une approche beaucoup plus fine de la zone de netteté.

Photo d'un porte-oculaire de télescope où on voit les trois molettes de réglage de la mise au point. Les molettes grises ont un effet classique alors que la molette noire à droite permet un réglage plus fin.
Ce porte-oculaire comporte une double molette de réglage de la mise au point sur sa partie droite : la petite molette noire est démultipliée et permet un réglage beaucoup plus fin que les deux molettes grises. Image : Carine Souplet

Ces systèmes sont très intéressants, en particulier pour les instruments au rapport F/D faible et à la plage de tolérance petite. Gardez toutefois en mémoire que le réglage est très fin. Pour les observateurs ayant une accommodation rapide de l’œil, cela peut devenir une gêne pour trouver le réglage correct.

Encore plus loin dans la précision, notamment pour la photographie

Autre accessoire intéressant, le moteur de mise au point qui fait tourner le réglage par l’intermédiaire d’une télécommande. On ne touche pas l’instrument et donc il ne tremble pas. Attention, certains moteurs de mise au point peuvent être adaptés pour des porte-oculaires spécifiques. Vérifiez bien la compatibilité de votre instrument avant tout achat.

Photo d'un petit moteur de mise au point et de sa raquette de commande munie de son bouton.
Ce moteur de mise au point se fixe à la place de l’une des molettes de réglage du porte-oculaire et permet de rechercher la netteté sans faire trembler l’image, grâce à la raquette de commande. Image : Sky-Watcher

Les moteurs de mise au point sont d’ailleurs davantage utilisés par les astrophotographes que par les observateurs visuels. Les amateurs d’images utilisent également d’autres outils comme un disque percé de trous ou de fentes, appelé disque de Batinov. Placé devant l’instrument, il génère une image donnant une information très fine sur la position de la mise au point. Enfin, on peut aussi analyser la mise au point directement sur une image (caméra branchée en direct sur un ordinateur). C’est la technique de la FWHM où on mesure la taille de la tache lumineuse formée par une étoile. Ces procédures donnent des résultats très précis et utiles pour l’imagerie. Mais il n’est heureusement pas indispensable de les utiliser pour voir correctement au travers de votre oculaire !