Oculaires : comment constituer sa gamme idéale ?

Vous avez un télescope ou une lunette et l’envie vous démange de varier vos observations grâce à de nouveaux oculaires ? Vous êtes au bon endroit ! Nous vous expliquons ici tous les critères à connaître pour compléter les oculaires dont vous disposez déjà et commencer à constituer votre gamme idéale.

photo d'oculaires variés
Des oculaires variés pour toutes les situations.
Photo : Stelvision/Carine Souplet

Les instruments d’astronomie sont souvent livrés avec un nombre restreint d’oculaires (un ou deux) : typiquement un oculaire à longue focale (20 mm par exemple) dont le faible grossissement vous permet d’avoir une belle vue d’ensemble ou de réaliser un premier pointage. Et un second à grossissement fort, grâce auquel vous obtenez d’impressionnants détails de la Lune ou de la surface des planètes notamment. Se procurer des grossissements plus forts, plus faibles ou intermédiaires peut cependant s’avérer bien utile, car il existe un grossissement optimal pour chaque situation d’observation.
Il arrive aussi parfois que la qualité des oculaires fournis d’origine laisse à désirer ou qu’on souhaite se faire plaisir en équipant son instrument d’un oculaire de plus haut niveau, susceptible d’offrir un champ de vision plus étendu ou un piqué d’image supérieur.
Autant de raisons qui donnent envie de compléter voire de remplacer ses oculaires ! C’est en principe assez facile car il existe une offre abondante, pour tous les budgets et tous les besoins, et ces oculaires s’adaptent à presque tous les modèles de télescopes ou de lunettes astronomiques. Mais justement, cette profusion peut dérouter ! Voici les différentes notions à connaître pour choisir vos oculaires en toute connaissance de cause.


Sommaire


Principe de base de l’oculaire

illustration d'insertion d'un oculaire dans le porte-oculaire d'un télescope
L’oculaire se place au foyer du télescope, dans le porte-oculaire. Celui-ci est prévu pour permettre un changement simple et rapide d’oculaire pendant une soirée d’observation.
Photo : Stelvision/Carine Souplet

L’oculaire est un groupe de lentilles indispensable au fonctionnement de tout instrument d’astronomie. Comme expliqué dans notre dossier spécial télescopes, l’oculaire reçoit la lumière collectée par la pièce optique principale (miroir dans le cas d’un télescope, objectif dans le cas d’une lunette) et concentrée en un lieu appelé foyer situé à l’arrière ou sur le côté de l’instrument. Il forme une image visible par l’œil de l’astre observé, plus ou moins grossie.

L’oculaire est donc une pièce essentielle du télescope, tout en étant considéré comme un accessoire car tout est prévu pour pouvoir le changer très facilement !

Focale et grossissement

Le paramètre essentiel d’un oculaire est sa focale. La valeur de la focale est exprimée en millimètres (mm), elle est toujours indiquée clairement sur le corps de l’oculaire. Cette valeur détermine le grossissement et se calcule très facilement :

grossissement = focale de l’instrument / focale de l’oculaire

Par exemple, un instrument de 650 mm de focale équipé d’un oculaire de 10 mm donne un grossissement de 65 fois.

L’oculaire qui a la focale la plus longue fournit donc le grossissement le plus faible.

photo d'un oculaire de 6 mm et d'un oculaire de 25 mm
Un oculaire de 6 mm et un oculaire de 25 mm de focale. La focale est toujours indiquée sur le corps de l’oculaire.
Photo : Stelvision/Carine Souplet

Ne pas trop grossir…

Faut-il pour autant se précipiter sur des oculaires de courte focale pour grossir le plus possible ? Pas forcément, car la vision à faible grossissement est parfois la plus adaptée pour avoir une vision d’ensemble d’un bel amas d’étoiles, de la Lune, d’une comète au milieu d’un beau champ stellaire…

Bien sûr, un oculaire à fort grossissement s’impose pour scruter les plus petits détails de la Lune et des planètes, ou pour distinguer les étoiles agglutinées d’un amas globulaire. Mais attention : votre instrument a ses limites, et le ciel aussi.

Commençons par le ciel, ou plutôt l’atmosphère : la lumière émise par un astre, après avoir franchi les immensités cosmiques, doit traverser une épaisse couche d’air avant d’arriver dans votre télescope. Cet air n’est pas stable, des variations thermiques provoquent des remous qui brouillent les images : c’est la turbulence atmosphérique. Hélas, ce phénomène vient souvent gâcher les images à fort grossissement ! Seules quelques soirées par an offrent un ciel vraiment stable permettant de pousser le grossissement tout en gardant une image nette…

Ensuite, votre instrument n’offre pas une résolution infinie : il existe une limite au-delà de laquelle il est inutile de grossir plus, car l’image ne montrera aucun détail supplémentaire. Cette limite correspond à environ deux fois le diamètre de l’instrument exprimé en millimètres : par exemple, si vous êtes équipé du Stelescope 130, il est inutile de chercher à grossir plus de 260 fois. Au-delà, l’image semblera grossière, empâtée. Et encore, cette limite (liée au phénomène de diffraction) est théorique : si vous avez en fait un instrument de moindre qualité, vous serez plus limité.

En pratique, vous allez souvent rester à un grossissement de 1 à 1,5 fois le diamètre du télescope : c’est en général le bon compromis pour une vision agréable dans des conditions moyennes.

… ni trop peu !

Il existe aussi un grossissement minimal lié à la notion de pupille de sortie. La pupille de sortie est le diamètre du cylindre de lumière qui sort de l’oculaire et qui arrive dans votre œil. Elle se calcule en divisant le diamètre de votre instrument par le grossissement obtenu. Comme l’œil humain a une pupille qui fait environ 6 mm de diamètre (plutôt 7 mm chez les jeunes, plutôt 5 mm chez les personnes âgées), on recommande de ne pas dépasser cette valeur pour la pupille de sortie afin que toute la lumière captée par le télescope rentre bien dans l’œil.

Concrètement, le grossissement minimal à utiliser avec votre télescope peut être calculé en divisant son diamètre (en millimètres) par 6.

Champ de vision

Pour un même grossissement, certains oculaires vous permettront de voir la Lune en entier, d’autres ne vous en montreront qu’un morceau. Certains vous donneront une impressionnante sensation d’immersion, comme si vous flottiez dans l’espace, tandis que d’autres vous donneront l’impression un peu désagréable d’observer par un petit trou de serrure ! A quoi cela tient-il ? C’est la notion de champ de vision. Les oculaires offrant un large champ de vision sont bien sûr plus agréables à utiliser… mais ils sont aussi nettement plus chers (et plus encombrants) car leur conception optique est nettement plus compliquée que celle des oculaires classiques à champ de vision plus étroit. On commence à parler d’oculaire grand champ à partir de 60° de champ environ. Les oculaires les plus classiques ont un champ de 40 à 50°, les plus sophistiqués dépassent les 100°. L’œil nu est habitué à couvrir un champ de près de 120°, c’est pourquoi tant d’observateurs se ruent vers les oculaires à grand champ ! Cependant les oculaires de plus de 80° de champ coûtent souvent plusieurs centaines d’euros, le prix d’un télescope entier.

Vous pouvez simplement retenir que les oculaires de 60 à 70° de champ constituent un compromis intéressant car ils offrent une agréable sensation de grand champ en restant abordables.

photo d'un oculaire grand champ à côté d'un oculaire standard
À gauche, un oculaire classique à champ apparent de 50°. À droite, un oculaire offrant un grossissement similaire mais un champ de vision beaucoup plus grand (82°).
Photo : Stelvision/Carine Souplet

Pour aller plus loin
Il est plus exact de parler de champ de vision apparent : l’œil a l’impression de voir une image d’une certaine largeur angulaire, en l’occurrence 50°, 60° etc. Mais en réalité vous ne contemplez qu’une toute petite partie du ciel dont l’étendue se mesure également en degrés : c’est ce qu’on appelle le champ réel. Plus on grossit, plus le champ réel se réduit. Les deux notions sont liées par la formule : champ réel = champ apparent / grossissement.
Classiquement, un télescope avec un grossissement modéré offre environ 1° de champ réel. C’est ce que vous obtenez par exemple en grossissant 60 fois avec un oculaire offrant un champ apparent de 60° ( 60° / 60 = 1°).
On comprend alors l’intérêt des oculaires à grand champ : en plus de donner une agréable sensation d’immersion, il permettent de voir une plus grande portion de ciel à la fois. Très utile pour voir la Lune en entier à fort grossissement ou pour faciliter le repérage d’un objet difficile à trouver !

simulation oculaire grand champ
À gauche, la Lune vue dans un oculaire d’entrée de gamme offrant un champ apparent de 45°. À droite, la Lune observée avec un oculaire grand champ. Le grossissement est le même mais la vision change radicalement !
Simulation réalisée avec le simulateur de télescope Stelvision

Constituez votre gamme de grossissements et de champs

Fort de ces notions de grossissement et de champ, vous pouvez commencer à définir votre gamme ! Commencez par choisir les focales des oculaires afin d’obtenir un bon assortiment de grossissements, c’est-à-dire :

  • des grossissements variés : inutile d’avoir un oculaire qui grossit 90 fois et un autre qui grossit 100 fois, vous ne verrez presque pas de différence ; essayez d’avoir au moins 40% de grossissement en plus ou en moins d’un oculaire à l’autre
  • des grossissements compris entre le grossissement minimal et le grossissement maximal, avec un ou plusieurs grossissements intermédiaires.
Lentille de Barlow 2x

Une astuce pour constituer votre gamme sans trop multiplier les oculaires : vous pouvez vous équiper d’une lentille de Barlow. C’est un accessoire qui s’intercale entre l’oculaire et le porte-oculaire qui permet de doubler la focale et donc le grossissement d’un oculaire.

Une fois les grossissements (focales) fixés, il vous appartient de décider si des oculaires classiques (environ 50° de champ) vous suffisent ou si vous voulez goûter aux plaisirs du grand champ. Les oculaires grand champ étant nettement plus onéreux, vous pouvez décider de vous offrir seulement un ou deux d’entre eux en complément d’oculaires classiques. Pour vous décider, posez-vous la question des champs de vision réels obtenus avec des oculaires standards ou avec des oculaires à grand champ (60°, 70°, 80°…). Comparez avec l’étendue de vos cibles favorites : par exemple, vérifiez que tel oculaire vous permettra de voir la Lune en entier (champ réel > 0,5°), l’amas des Pléiades en entier (champ réel > 2°), etc.

ASTUCE :
Pour vous aider à démêler les choses et à construire patiemment une belle gamme de quatre ou cinq oculaires (voire six ou sept), vous pouvez utiliser notre Simulateur de télescope. Pour cela :

  • entrez dans le mode « Simulation détaillée »
  • saisissez les paramètres de votre instrument (diamètre et focale)
  • choisissez « Proposez-moi une gamme d’oculaires optimisée »
  • indiquez une ou deux valeurs de champ apparent (par exemple 50° pour un oculaire standard, 68° pour un oculaire grand champ à prix raisonnable)

Le simulateur s’efforcera de vous proposer les meilleures focales d’oculaires et il vous présentera une simulation de la vision obtenue sur diverses cibles comme la Lune et les Pléiades !

Exemple d’utilisation du simulateur de télescope Stelvision pour définir une gamme complète d’oculaires pour un télescope de 200 mm de diamètre et 1200 mm de focale.

Les autres critères de choix d’un oculaire

Vous avez décidé de vous équiper d’un nouvel oculaire et vous savez quelle focale et quel champ vous désirez ? Il vous reste à prendre connaissance de l’offre des différents fabricants et revendeurs avant de faire votre choix définitif. Cette offre est abondante, il y a de quoi se perdre un peu ! Voici quelques éléments de choix.

Le coulant

Pour s’insérer dans le porte-oculaire de n’importe quel télescope, la partie basse d’un oculaire est formée d’un cylindre métallique appelé jupe ou coulant au diamètre standardisé : le plus souvent 31,75 mm (1,25 pouces). Cependant ce diamètre devient insuffisant dans le cas des oculaires à grand champ et longue focale, c’est-à-dire les oculaires ayant un champ réel très étendu. Ces oculaires ont un coulant de 50,8 mm (2 pouces) afin de laisser passer les rayons lumineux provenant d’une large région du ciel. Pour monter de tels oculaires sur votre télescope, il faut donc vous assurer que le porte-oculaire accepte le coulant 50,8 mm. Si c’est le cas, c’est que vous avez un porte-oculaire « 2 pouces ». Bien sûr, un porte-oculaire de ce diamètre accepte aussi les oculaires classiques de 31,75 mm grâce à une bague de réduction.

Photo d'oculaires à différents coulants : coulant 31,75mm, coulant 50 mm et double coulant.
À gauche : un oculaire au coulant 31,75 mm (1,25 pouces) qui est de loin le plus répandu. À droite : un oculaire au coulant 50,8 mm (2 pouces). Au milieu : un oculaire à double coulant 31,75 mm / 50,8 mm.
Photo : Stelvision/Carine Souplet

Le saviez-vous ? il existe aussi le coulant 24,5 mm qui était employé sur beaucoup d’instruments japonnais des années 70 et 80 que l’on peut encore trouver aujourd’hui d’occasion. Un oculaire 24,5 mm peut être utilisé sur un porte-oculaire 31,75 mm grâce à une bague d’adaptation. L’inverse n’est pas possible.

La conception optique

Les oculaires sont formés de plusieurs lentilles (en général de deux à huit). Chaque fabricant peut proposer une conception optique qui lui est propre. Les oculaires les plus simples sont de type Huygens ou Kellner (notés H ou K sur le corps de l’oculaire) ; ils équipent souvent les instruments d’entrée de gamme, leur champ apparent est étroit (40 à 45°). Très répandus aussi mais d’un niveau supérieur, les oculaires de type Plössl (PL) offrent un champ apparent d’environ 50°. Les oculaires à grand champ et/ou haut de gamme ont des conceptions optiques variées et plus ou moins sophistiquées en fonction de la marque.

Si vous êtes intransigeant sur la qualité optique, recourez à des modèles haut de gamme qui vous assureront une image quasi-parfaite jusqu’au bord du champ de vision… mais les prix des oculaires haut de gamme sont très élevés, et n’oubliez pas que le résultat final dépend aussi de votre instrument (qualité de l’objectif ou du miroir). Sinon, il y a maintenant une offre abondante d’oculaires de qualité correcte si vous acceptez que l’image perde un peu de piqué en bord de champ.

Bonne nouvelle si vous hésitez à dépenser une somme importante : un oculaire de qualité se garde très longtemps. Même si vous décidez de revendre votre télescope pour en acquérir un autre, vous conserverez votre oculaire. Vous pourrez aussi le revendre, un oculaire se déprécie peu s’il n’a pas été abîmé.

Les dimensions, le poids

Attention aux « monstres » à très grand champ, il peuvent peser 1 kg et déséquilibrer votre télescope !

Le confort d’observation et les finitions

Le relief d’œil

Certains oculaires obligent à littéralement écraser son œil sur la lentille pour bien voir le champ de vision en entier. D’autres permettent de garder l’œil à une certaine distance, c’est plus confortable surtout pour les porteurs de lunettes. Cette distance est le relief d’œil , elle est d’environ 1 ou 2 cm sur les oculaires à « long relief d’œil » (mention Long eye relief sur l’oculaire).

L’œilleton

Certains oculaires sont plus agréables parce qu’ils ont un œilleton plus confortable, facilement rétractable pour les porteurs de lunettes… Dans certains cas, la hauteur de l’œilleton peut être ajustée finement afin de garantir le positionnement optimal de l’œil, ni trop près ni trop loin de la lentille.

Le rendu des couleurs

Certains oculaires ont des tonalités un peu chaudes, d’autres sont plus neutres ; ceci se ressent notamment sur les nuances de gris de la Lune. Ces nuances sont en général subtiles et sont affaire de goût !

Bonnes observations avec vos nouveaux oculaires ! N’hésitez pas à partager vos impressions sur notre page Facebook ou par mail.

DES PISTES POUR VOUS ÉQUIPER
Stelvision vous propose un pack de deux oculaires à grand champ (68°) et une lentille de Barlow à très bon rapport qualité/prix.
Notre partenaire toulousain La Clef des Étoiles propose par ailleurs une grande variété d’oculaires de toutes marques y compris le très haut de gamme.