Mission STELESCOPE dans l’Empire du Milieu

Les fabricants de matériel grand public étant maintenant presque tous basés en Chine, Stelvision s’est rendu sur place pour discuter directement avec eux des spécifications de ses instruments STELESCOPE avant commercialisation. Bertrand d’Armagnac, fondateur de Stelvision, vous raconte son voyage de l’autre côté de la Grande muraille…

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Sphère armillaire de l’observatoire de la montagne Pourpre à Nankin (la ville où sont fabriqués les STELESCOPE). Réalisé en 1437 sous la dynastie Ming d’après un modèle original inventé par Zhang Heng 14 siècles plus tôt, cet instrument sert à faire des mesures de positions d’étoiles. Photo : Leungchopan.

Cap sur Shanghai

Shanghai, la ville du Lotus Bleu pour les tintinophiles, est une mégapole impressionnante. Le quartier d’affaires ultra-moderne de Pudong côtoie d’autres quartiers de diverses époques, purement chinois ou au contraire imprégnés de présence occidentale en raison de l’occupation de certaines zones par les Britanniques, les Américains et les Français aux 19e et 20e siècles.

Shanghai quartier Puddong

Le quartier d’affaires de Pudong à Shanghai. La plus haute tour à droite mesure 632 m, soit deux fois la hauteur de la tour Eiffel. Photo : 4045 – Shutterstock

Visites d’usines

Dans un rayon de quelques centaines de kilomètres autour de Shanghai, j’ai pu visiter deux usines de télescopes et une usine de fabrication d’accessoires (oculaires notamment). Fort heureusement, la Chine s’est récemment dotée d’un réseau très moderne de trains à grande vitesse atteignant la vitesse de 350 km/h. Il est ainsi possible de rejoindre la ville de Nankin en seulement une heure ! Nankin, ancienne capitale impériale où nous avions repéré le fabricant le plus intéressant.

TGV-Chine

Train à grande vitesse au départ de Shanghai. Photo : Stelvision

À Nankin

L’usine de télescopes de Nankin a été fondée en 2002. Son premier directeur technique a été élève de Maksutov, le célèbre opticien russe inventeur d’une catégorie de télescopes compacts qui porte son nom. Elle fabrique du matériel pour les astronomes amateurs et les commercialise principalement sur le marché chinois où elle est connue sous la marque Bosma. À l’occasion de notre visite, le directeur général est venu présenter lui-même les installations, aidé du directeur Recherche & Développement et d’une interprète. Il a également participé à toutes les discussions portant sur la finalisation des spécifications des futurs instruments STELESCOPE : une implication appréciable ! Voici en images quelques étapes de la visite.

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Atelier d’assemblage.  Photo : Stelvision


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Atelier de nettoyage des lentilles.  Photo : Bosma


photo tubes optiques télescope en usine

Tubes optiques de télescopes en cours de fabrication. Photo : Bosma


atelier de polissage de miroirs

Atelier de polissage de miroirs. Toutes les optiques sont fabriquées sur place. Photo : Bosma

Observez la machine à polir en action !

Vidéo : Stelvision

Les miroirs terminés. Photo : Bosma


photo de banc de contrôle des optiques de télescopes.

Le banc optique permettant de contrôler la qualité de polissage des miroirs de télescopes. Photo : Stelvision


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Photo souvenir devant l’usine. De gauche à droite : la directrice commerciale, le directeur Recherche & Développement, le responsable gestion/planification, le directeur général, l’auteur de ces lignes et la responsable d’affaire qui a coordonné toutes les discussions. Photo : Bosma

IMPRESSIONS DE CHINE

Quelques questions à Bertrand d’Armagnac, fondateur de Stelvision. Propos recueillis par Murielle Renard.

photo Bertrand d'Armagnac

Bertrand, c’est la première fois que vous alliez en Chine : quelle a été votre impression générale de ce pays après les 7 jours que vous avez passés sur place ?

La Chine est un pays totalement déroutant : tout y est si différent ! Elle est mystérieuse pour un Occidental, bien que nous ayons pris l’habitude d’acheter « chinois » et que nous entendions régulièrement dire que la Chine ne va pas tarder à être la première puissance économique du monde. C’est donc une chance et une expérience intéressante que d’aller voir ce pays. D’ailleurs les relations commerciales entre la Chine et l’Occident ne datent pas d’hier : il y a bien sûr la Route de la Soie rendue célèbre par Marco Polo, mais aussi les épisodes tumultueux des guerres  de l’opium qui ont conduit Français, Britanniques et Américains à occuper une partie de Shanghai. C’est étonnant de retrouver dans le quartier du Bund des vestiges architecturaux de cette présence occidentale.

Vous avez visité plusieurs usines de fabrication de télescopes sur place : comment avez-vous vécu ces visites ? Le dialogue était-il facile ?

Quand on est passionné d’astronomie et d’instruments d’optiques, c’est fantastique de se retrouver dans une usine de télescopes ! En particulier, il est fascinant de se retrouver dans un atelier produisant des miroirs en série : c’est industriel mais en même temps assez artisanal, ça m’a rappelé lorsque j’ai taillé et poli le miroir de mon propre télescope !

Les réunions dans l’usine Bosma à Nankin ont été intenses. Il y avait la barrière de la langue, l’anglais était loin d’être maîtrisé par l’ensemble des participants et le recours à une interprète ne fluidifiait pas les échanges. Mais nous avons fini par nous comprendre : au fond, l’astronomie et les télescopes, c’était quand même notre sujet commun, par-delà les différences culturelles !

Quels souvenirs gardez-vous de l’équipe de cette usine de Nankin, quelle relation avez-vous pu nouer avec eux ?

J’ai apprécié la bonne volonté et le professionnalisme des personnes de l’usine de Nankin. Nous avons discuté des spécifications, des prix, des quantités… C’était assez difficile car chacun a ses contraintes et doit faire des concessions, comme dans toute négociation. La première journée de réunion s’est achevée à 21h30 et il a fallu revenir le lendemain (ce n’était pas prévu au départ) pour parvenir à un accord. Il y avait une relation professionnelle où chacun devait montrer sa crédibilité. On n’était pas du tout dans un schéma de « grand donneur d’ordre » qui pressurise un fabricant ! Le soir de cette réunion fleuve, nous nous sommes retrouvés au restaurant. C’était un agréable moment de convivialité. Une fois quitté le contexte de négociation professionnelle, mes interlocuteurs ont su se montrer chaleureux. Le lendemain, restaurant à nouveau, avec encore plus de plats que les convives se faisaient passer en faisant tourner la table ! Un bon repas est favorable pour tisser des liens et j’ai pu constater la grande importance de la cuisine en Chine ! Par contre il faudra impérativement que j’améliore ma dextérité avec des baguettes : je pensais savoir m’en servir mais une fois sur place, mes interlocuteurs m’ont rapidement proposé une fourchette !

photo restaurant