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Planète la plus proche du Soleil et plus petite du Système solaire, Mercure n’a pour l’instant été visitée que par deux sondes. Mais BepiColombo, la mission la plus risquée jamais entreprise par l’Esa, est en chemin…
À peine plus grande que la Lune, la planète Mercure est la plus petite du Système solaire, vingt fois moins massive que la Terre. C’est aussi la plus proche du Soleil, puisqu’elle gravite à seulement 0,4 unités astronomiques de notre étoile, soit environ un tiers de la distance Terre-Soleil.
Bien qu’elle soit très proche du Soleil, avec 180 °C en moyenne en surface, Mercure ne détient pas le record des températures les plus élevées. Celui-ci revient à Vénus, en raison de son atmosphère très dense, qui crée un puissant effet de serre.
À la surface de Mercure, quasiment dépourvue d’atmosphère, la lumière du Soleil est sept fois plus brillante et intense que sur Terre, et notre étoile apparaîtrait trois fois plus grande dans le ciel pour un observateur.
Par ailleurs, Mercure est la planète la plus rapide du Système solaire, car à 47 kilomètres par seconde, seulement 88 jours lui suffisent pour faire le tour du Soleil.
Comme Vénus, la Terre et Mars, Mercure est une planète tellurique composée d’un noyau, d’un manteau et d’une croûte. Après la Terre, elle est la seconde planète la plus dense de par son imposant noyau métallique de fer et de nickel, partiellement liquide, de plus de 2 000 km de rayon. Il représente environ 85 % du rayon de la planète et plus de 40 % de son volume ! Le manteau et la croûte ne représentent donc que 400 km d’épaisseur.
En l’absence d’atmosphère, il n’y a rien pour arrêter d’éventuels astéroïdes. La surface de Mercure est donc riche en cratères, globalement similaire à la face cachée de la Lune. Petite originalité, les éléments remarquables à la surface de Mercure portent des noms d’artistes, de musiciens ou d’auteurs célèbres.
De grands bassins d’impact comme Caloris (1 550 km de diamètre) ou Rachmaninoff (306 km de diamètre) ont été engendrés par des impacts d’astéroïdes peu après la naissance du Système solaire. Des falaises de plusieurs centaines de kilomètres de hauteur, formées à la suite du refroidissement et de la contraction de l’intérieur de la planète après sa formation, ponctuent également le paysage. D’autre part, Mercure posséderait de la glace d’eau à ses pôles Nord et Sud, dans les zones en permanence dans l’ombre.
Mercure apparaît brun-grisé en couleurs naturelles. À de nombreux endroits, on peut distinguer des stries plus claires. Elles ont été formées lors d’impacts d’astéroïdes, par éjection autour des cratères principaux de matériaux plus réfléchissants que la surface.
Outre les cratères et les escarpements, la surface de Mercure est ponctuée de grandes étendues lisses. D’une part, ces plaines ont pu se former à partir de retombées de poussières et de fragments du sol, éjectés lors de gros impacts de météorites. Mais d’autre part, il est possible qu’elles proviennent… de coulées de laves ! Ce qui serait la preuve d’une activité volcanique sur Mercure.
Les étendues régulières se distinguent des plaines non lisses, non seulement par leur aspect, mais aussi par leur composition faisant intervenir des matériaux issus de l’intérieur de la planète.
Le cratère de Kuiper, en jaune vif en bas à droite de l’image précédente, se compose par exemple de matériaux provenant de l’intérieur de la planète. En orange vif sont représentées les zones constituées de matériaux anciens appartenant à la croûte, tandis qu’une coulée de lave serait identifiable en orange foncé en bas à gauche de l’image.
Les éruptions volcaniques qui auraient conduit à la création des plaines lisses ont notamment pu être causées par l’impact d’astéroïdes. La collision avec un corps d’environ 150 km de diamètre qui a donné naissance au bassin Caloris, pourrait notamment avoir contribué à ce phénomène.
Jusqu’à présent, Mercure n’a été visitée que par deux missions d’exploration. La première, Mariner 10, a survolé la planète à trois reprises entre 1974 et 1975. La sonde a ainsi pris environ 2 000 photographies, cartographié 45 % de la surface de Mercure et découvert son champ magnétique. Avec la Terre, Mercure est la seule planète tellurique à en posséder un.
Puis, lancée le 3 août 2004, la mission Mercury Surface, Space Environment, Geochemistry, and Ranging, alias Messenger, a pris le relais. Après trois survols en 2008 et 2009, la sonde s’est mise en orbite autour de la planète en 2011. C’est pour l’instant le seul engin construit par l’Homme à l’avoir fait. La mission a permis de révéler une grande partie de la face cachée de Mercure et de cartographier les 10 % de la surface qui restaient encore à découvrir.
Lors de quatre années en orbite, Messenger a pris plus de 277 000 photos et permis de produire des cartes de la composition globale de Mercure ainsi qu’un modèle 3D de sa magnétosphère. Après avoir étudié la topographie de l’hémisphère nord et caractérisé les éléments volatils présents dans les cratères constamment ombragés des pôles, la sonde s’est écrasée à la surface de la planète en avril 2015.
Place à présent à une nouvelle mission, qui fait actuellement route vers Mercure : BepiColombo. Parties le 19 octobre 2018, les deux sondes de cette mission des agences spatiales européenne (Esa) et japonaise (Jaxa) seront placées en orbite autour de la planète en décembre 2025.
La sonde Mercury Planet Orbiter (MPO) de l’Esa doit étudier l’intérieur, la surface et l’exosphère, c’est-à-dire les quelques molécules de gaz qui constituent la quasi-atmosphère de Mercure. Le module Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO) de la Jaxa va quant à lui s’intéresser au champ magnétique et aux ondes et particules de l’environnement immédiat de la planète.
BepiColombo est la mission la plus risquée jamais entreprise par l’Esa. Plus encore même que Rosetta qui devait faire atterrir le module Philae sur la surface de la comète Tchouri. D’abord, les sondes seront soumises aux températures extrêmes, jusqu’à 450 °C, de l’environnement mercurien. MPO et MMO sont pour cela parées d’un bouclier thermique de 200 kg qui doit les protéger.
De plus, atteindre Mercure est une opération complexe. La masse du Soleil exerce en effet un champ de gravité colossal qui rend très difficile l’insertion d’un véhicule spatial sur une orbite stable autour de la planète. Il faut ainsi plus d’énergie pour une mission vers Mercure que vers Pluton !
Ainsi, pour ne pas « tomber dans le Soleil », BepiColombo devra freiner en permanence pour résister à l’attraction de notre étoile. Elle aura notamment recours aux assistances gravitationnelles de la Terre, Vénus et Mercure elle-même, qui seront survolées respectivement une, deux et six fois avant la mise en orbite. Les propulseurs ioniques d’un troisième module appelé Mercury Transfer Module (MTM) viendront compléter cette assistance.
Une mission périlleuse donc, mais qui devrait nous apporter des connaissances précieuses sur l’évolution du Système solaire, et notamment la manière dont se forment et évoluent les planètes qui, dans des systèmes exoplanétaires, gravitent à proximité de leur étoile.
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