Observer Uranus

Uranus fait partie des planètes peu observées parce qu’elle est lointaine et apparaît minuscule. Pourtant, son observation n’est pas dénuée d’intérêt ! Découvrez cette géante gazeuse méconnue.

La Terre et la planète gazeuse Uranus à la même échelle. Crédit : NASA/JPL

Septième planète la plus éloignée du Soleil, Uranus est une planète gazeuse située à 2,8 milliards de kilomètres de notre étoile. Bien que souvent délaissée des astronomes, elle mérite pourtant qu’on prenne le temps de l’observer. En effet, Uranus est la troisième plus grosse planète de notre Système solaire après Jupiter et Saturne ! Son diamètre fait quatre fois celui de la Terre.

Quand la voir et comment la repérer ?

En raison de son éloignement, Uranus met 84 ans pour effectuer un tour complet autour du Soleil et c’est pourquoi son déplacement apparent sur le ciel étoilé est lent. La planète se situe actuellement dans la constellation du Taureau.

Cette trajectoire a pour avantage qu’Uranus est observable dans de bonnes conditions depuis les latitudes moyennes de l’hémisphère nord pour de nombreuses années à venir. Depuis le centre de la France, la planète culmine ainsi à plus de 50 degrés de hauteur lorsqu’elle passe au plus haut, plein sud.

Carte du ciel su fond bleu nuit montrant les constellations dans le secteur qui va d'Orion (à gauche) jusqu'à Andromède (à droite). La trajectoire d'Uranus est tracée en vert et sa position indiquée pour le 1er novembre entre 2023 et 2027. Uranus évolue de droite à gauche sur cette trajectoire entre le Taureau, le Bélier, les Poissons et la Baleine.
Position d’Uranus au 1er novembre jusqu’en 2027.

Bien qu’on l’observe peu, Uranus est pourtant théoriquement visible à l’œil nu si le ciel est bien noir car sa magnitude oscille entre 5,3 et 5,9. Elle est facilement repérable aux jumelles, lunettes et télescopes… à condition de savoir où la chercher ! Car en effet, ce n’est qu’un minuscule disque lumineux, quasi ponctuel à faible grossissement et bien moins reconnaissable au premier coup d’œil que Jupiter ou Saturne. Une carte précise (comme celle fournie ci-dessous pour novembre 2025) est bien sûr d’une aide précieuse.

Uranus fin 2025 / début 2026

À partir d’octobre 2025 la planète géante devient observable en fin de soirée. Elle se lève vers 23h (heure de Paris) le 1er septembre et vers 21h le 1er octobre.

Les conditions d’observation d’Uranus deviennent idéales en novembre 2025. En effet, la planète est en opposition le 21 novembre (moment où elle se trouve aussi au plus près de la Terre). Elle culmine alors dans le ciel vers le sud en milieu de nuit et est observable dès la nuit tombée entre l’est et le sud.

La planète reste ensuite observable en première partie de nuit entre décembre 2025 et mars 2026.

Défi jumelles (et œil nu) : profitez du passage d’Uranus tout près des Pléiades !

Les Pléiades sont toujours très belles à observer aux jumelles en automne et hiver. Et si vous en profitiez pour faire coup double : Uranus + Pléiades ? En 2025, vous pouvez les voir ensemble dans le même champ de vision. Les Pléiades étant facilement visibles à l’œil nu, dans la constellation du Taureau, elles peuvent vous aider à repérer Uranus.

Voici une carte de repérage aux jumelles valable pour le mois de novembre 2025. Vues depuis la France métropolitaine, Uranus et les Pléiades sont déjà assez hautes dans le ciel dès 21h30, au-dessus de l’horizon est, puis elle grimpent en progressant vers le sud. Privilégiez une soirée sans lune, idéalement entre le 9 et le 23 novembre. En procédant à un repérage méthodique à partir des Pléiades et des étoiles environnantes, vous verrez Uranus sans difficulté avec des jumelles. Vous pourrez ensuite pousser le défi un peu plus loin, en essayant de voir la planète à l’œil nu !

carte de repérage d'Uranus au voisinage des Pléiades, valable pour novembre 2025 (la position d'Uranus est exacte pour le 15 novembre). Carte : Bertrand d'Armagnac / Stelvision.
Carte de repérage d’Uranus au voisinage des Pléiades, valable pour novembre 2025. Le champ couvert est de 6 degrés, typique d’une paire de jumelles. La position d’Uranus est exacte pour le 15 novembre et varie peu au cours du mois. Carte : Bertrand d’Armagnac / Stelvision.

Que peut-on voir ?

On en convient, l’observation d’Uranus n’est pas aussi passionnante que celle de Jupiter, Saturne ou Mars. Mais le fait de localiser cette planète et de réaliser qu’elle se trouve à près de trois milliards de kilomètres est gratifiant, voire même donne un peu le vertige… Songez que la lumière qu’elle renvoie (et dont la vitesse est de 300 000 kilomètres/seconde) met plus de deux heures et demie à nous parvenir !

Le disque d’Uranus

Vu depuis la Terre, le disque d’Uranus est minuscule : entre 3 et 4 secondes d’arc. Toutefois, Uranus est une cible brillante reconnaissable dès qu’on grossit plus de 100 fois. On observe un petit disque aux bords un peu diffus, très différent d’aspect d’une étoile ponctuelle. D’ailleurs, faire la netteté sur une telle cible n’est pas aisé : pensez à la régler auparavant sur une étoile !

La couleur d’Uranus

Cette belle image d’Uranus a été obtenue par un télescope professionnel, à l’observatoire Keck. Crédit : Lawrence Sromovsky, Université du Wisconsin-Madison/W.W. Keck Observatory

L’atmosphère est en fait la seule chose que nous voyons d’Uranus. Pour être plus précis, seule sa couche la plus externe est visible. Sa couleur est bleu-vert et plutôt délavée, plus délicate à saisir que celle de la planète Neptune (qui est franchement bleue). En fait, suivant l’observateur, le lieu et l’instrument utilisé, les couleurs rapportées vont du bleuté au verdâtre, quand ce n’est pas le jaune ou le blanc. Le mieux est donc de se forger sa propre opinion, en utilisant un télescope d’au moins 150 mm de diamètre.

Hélas, cette couleur est assez uniforme et seuls les astrophotographes confirmés et les instruments scientifiques arrivent à en tirer quelques détails. Il faut en effet utiliser des filtres pour qu’apparaissent des bandes nuageuses, parfois des taches correspondant à des tempêtes ou quelques structures près du pôle visible.

Les satellites d’Uranus

Enfin, sachez qu’Uranus est entouré d’au moins 27 satellites, mais seuls cinq d’entre eux sont relativement accessibles à l’astronome amateur… et encore ! Celui-ci devra utiliser un télescope de 350 mm de diamètre au minimum pour voir le plus brillant à l’oculaire. Sur ce sujet, mieux vaut donc se tourner vers l’autre géante gazeuse lointaine, Neptune, dont le principal satellite, Triton, est accessible à partir de 250 mm de diamètre instrumental.

Pour en savoir plus sur Uranus, lisez notre dossier Uranus, la géante glacée.